Non, les étudiantes n’abandonnent pas "toujours" l’informatique !

 ESIEA : École d'ingénieurs du monde numérique

Non, les étudiantes n’abandonnent pas "toujours" l’informatique !

Par Fatiha Gas, Directrice du Campus de Paris de l’ESIEA - École d’Ingénieurs du Monde Numérique

 

"Les étudiantes abandonnent toujours l’informatique" titrait un récent article consacré à la question de la féminisation des professions du numérique, ainsi qu’à l’absence de progrès réellement significatif en ce domaine. Ceci étant, l’article faisait utilement état de la parution d’une étude de TechRepublic consacrée à la place qu’occupent les femmes dans les sciences informatiques aux Etats-Unis ; une place toujours trop faible au regard des besoins des entreprises.

En effet, Outre-Atlantique, tout comme en France les femmes sont minoritaires dans les professions liées aux nouvelles technologies et seulement 18 % d’entre elles parviennent au niveau Bachelor en computer sciences. Cet état des choses inquiète vivement les leaders de l’industrie technologique ; au point que Tim Cook, CEO d’Apple, ait déclaré que, si ce problème de déséquilibre dans les genres au sein de la Tech Industry tardait à être résolu, l’Amérique en viendrait à perdre sa position de leader technologique dans le monde.

L’étude de TechRepublic souligne ainsi, qu’en dépit des efforts faits par les universités américaines pour favoriser l’accès des jeunes femmes aux filières informatiques, notamment par la création de classes introductives, le résultat reste décevant. La parité est respectée dans les premières années des promotions, mais cesse de l’être dans les niveaux supérieurs des cursus.

Toutefois, cette étude apporte également un éclairage beaucoup plus fin sur les facteurs contribuant à décourager les jeunes femmes. On en retiendra surtout que l'intérêt pour la discipline n'est absolument pas en jeu ; car ce qui pêche véritablement aux yeux des étudiantes et des jeunes professionnelles, ce sont les conditions de la poursuite de leurs études, les carrières et le vécu qui y sont associés. Leurs témoignages sont à ce titre extrêmement instructifs. Tous soulignent les difficultés diverses rencontrées dans une société où la persistance de formes variées de sexisme constitue un frein, si ce n’est l’unique barrière.

 

Des termes bien mal choisis !

Revenons en au fait : l'étude de TechRepublic dit-elle véritablement que les étudiantes abandonnent "toujours" l’informatique ? Absolument pas ! Aujourd’hui 20 % de femmes occupent des postes dans ce domaine*.

Ce titre malheureux doit nous rappeler combien il est important d’être attentifs au langage employé. Alors même que l’on tente aujourd’hui, au travers de nombreuses actions, d’inciter les jeunes femmes à rejoindre les professions du numérique, il envoie un message fort et contradictoire à celles que l’on souhaite convaincre. En parlant d'abandon systématique ("abandonnent toujours") on laisse entendre qu’ "aucune femme ne parvient au terme de ses études d’informatique", ou que "l’informatique n’intéresse pas les femmes" et, incidemment, qu’ "elles ne sont pas capables de suivre un cursus en informatique" ; une autre façon de dire… qu’elles n’ont rien à y faire ?


Convaincre les jeunes femmes de l’intérêt des professions qui ont besoin de leur présence n'est pas possible si l’on continue à faire exister, dans le langage, l’idée que leur place n’est pas dans le domaine de l’informatique. Il aurait été plus juste de titrer : "le sexisme chasse les étudiantes en informatique" ou bien "les stéréotypes détournent les étudiantes des études en informatique" voire : "l’état de la société n’invite pas les étudiantes à se consacrer aux études informatiques", etc.

Rappelons que la problématique du secteur du numérique en France comme Outre-Atlantique est sa féminisation. Les entreprises ont compris qu’elles ne pouvaient pas se passer du potentiel que recèle 50% de la population. La crise actuelle de compétences liée à la transformation numérique des organisations devrait inciter l’ensemble de la société à combattre toute forme de dévalorisation. De nombreuses actions pour la féminisation du secteur du numérique sont menées par un grand nombre d’acteurs. Tous ces efforts sont anéantis lorsqu’on s’emploie à présenter la cause comme perdue d’avance. Soyons donc vigilants et ne donnons pas à nos étudiantes l’occasion de douter de la sincérité de nos discours et de nos intentions.

 

 

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*Source : Syntec Numérique

 

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